Née à Romont, en 1915, le jour de la Saint-Nicolas, Pierrette Micheloud a toujours préféré évoquer le lieu de ses origines, Vex, petit village du val d’Hérens. On le comprend aisément quand on sait la place importante que le Valais occupera dans son cœur tout comme dans son œuvre, ce Valais qu’elle a su si bien chanter.

Dans l’un de ses derniers livres, elle évoquera encore la présence imposante du fleuve qui le traverse :
« Enfant, j’ai connu le Rhône sauvage. A leur tour, les enfants d’aujourd’hui se souviendront de leur Rhône. L’essentiel n’est-il pas de garder vivace le lien qui nous unit à la nature ? Elle est notre véritable identité. L’écouter, c’est apprendre à se connaître. »

Son père tenant un commerce à Neuchâtel, c’est dans cette ville qu’elle suivra ses premières classes. Ses études universitaires, littérature, philosophie et histoire des religions, se poursuivront à Lausanne et Zurich.

Elle a 16 ans lorsque la poésie lui est révélée par l’intermédiaire de Villon, Lamartine et Baudelaire. Ses premiers poèmes ne tarderont pas à se faire jour. Entre 1945 et 2004, elle en publiera une vingtaine de volumes, de Saisons à Du fuseau fileur de lin.

Après le strict classicisme de ses premiers vers, elle adoptera une métrique plus souple, mais toujours musicale, en passant par le poème en prose et la prose poétique, notamment dans deux récits autobiographiques, L’ombre ardente et Nostalgie de l’innocence. Parmi ses archives, conservées à la Médiathèque Valais de Sion, se trouvent de nombreux inédits : essais, romans, pièces de théâtre (dont certaines furent jouées sur scène et à la radio), et même un livret d’opéra.

La poésie, elle la défendra aussi grâce à une activité critique intense : de nombreux journaux et revues, aussi bien suisses que français, accueilleront ses chroniques. Citons : Les Nouvelles littéraires, La Gazette de Lausanne et La Voix des Poètes, dont elle sera la rédactrice en chef.

En 1964, elle s’associe à Edith Mora pour créer à Paris le Prix de poésie Louise Labé, dont l’originalité est la suivante : le jury en est uniquement composé de femmes, car à l’époque elles étaient peu nombreuses à siéger dans de tels comités.

Troubadour des temps modernes, elle consacrera tous ses étés, entre 1951 et 1968, à parcourir à bicyclette les vallées valaisannes, faisant halte de village en village pour y réciter ses poèmes.

C’est à Paris qu’elle décide de s’installer, au début des années 1950, ce qui ne l’empêchait pas de revenir plusieurs fois par année en Suisse, soit dans un mayen valaisan, soit chez sa sœur à Lausanne, soit dans la maison familiale de Belmont.
En une vingtaine d’années, elle ne présentera pas moins de dix expositions, en Suisse et en France, où sera révélée au public cette autre facette de son talent : la peinture. Manifestant une maîtrise parfaite de l’harmonie des couleurs et du rythme des formes en mouvement, ses tableaux dévoilent un univers très personnel où elle semble inventer sa propre mythologie.

La richesse de son œuvre nous fait naviguer constamment, aux confins de l’univers, entre nos origines cosmiques et des temps lointains qui verront peut-être surgir, selon ses vœux, une nouvelle humanité plus soucieuse du respect de la planète et du bien-être spirituel de ses habitants.